Covid-19 : le bruit sismique lié aux activités humaines s’est mis sur pause ce printemps

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Surprise pour un groupe de 76 sismologues internationaux, parmi lesquels des scientifiques d'ISTerre (Grenoble) : les mesures de confinement pour lutter contre la propagation du Covid-19 ont entraîné dans le monde entier, une réduction de 50 % du bruit sismique lié aux activités humaines entre janvier et juin 2020.

Les sismologues, parmi lesquels plusieurs scientifiques français travaillant à l’Institut des sciences de la Terre (ISTerre - CNRS / IRD / UGA / UGE / USMB), l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP - CNRS / Université de Paris / IGN) et l’Institut de physique du globe de Strasbourg (IPGS - CNRS / Université de Strasbourg), ont été étonnés par l’amplitude de cette diminution, et ont ainsi pris conscience de l’impact, plus important qu’escompté jusqu’à présent, des activités humaines sur les sous-sol.

C’est en analysant les données de plus de 300 stations sismiques à travers le monde qu’ils ont observé cette réduction, allant même jusqu’à visualiser une "vague" de confinement se déplaçant à travers la Chine, puis en Italie et dans le reste du monde. Cette quiétude sismique reflète l'effet des mesures de distanciation physique prises par les autorités, la réduction de l'activité économique et industrielle et la baisse du tourisme et des déplacements.

© Thomas Lecocq et al. / Science
Evolution, entre décembre 2019 et mai 2020, de l’amplitude des vibrations (mouvements du sol générés par les activités humaines), détectée par les capteurs sismiques de plusieurs villes étudiées. Chaque ligne montre les variations d’amplitude constatées dans une ville.
Chaque pixel représente un jour. Les points blancs correspondent au jour de début du confinement dans la ville. En bleu : les faibles amplitudes des vibrations, constatées plus fréquemment après le confinement, mais aussi pendant la période des fêtes de fin d’année 2019 ainsi que les samedis et dimanches.
© Thomas Lecocq et al. / Science

Au-delà de cette observation inédite, ces travaux, qui font l’objet d’un article dans Science le 24 juillet 2020, permettent de mieux quantifier le bruit sismique dû à l’activité humaine. Ils suggèrent ainsi l’utilisation de ce bruit comme indicateur de suivi des activités humaines, sans utilisation de données personnelles. Ces mesures œuvrent également à une meilleure compréhension de certains phénomènes naturels d’ordinaire masqués par le bruit sismique.

En savoir +

Référence

Global quieting of high-frequency seismic noise due to COVID-19 pandemic lockdown measures.
Thomas Lecocq, Stephen Hicks, Koen Van Noten, Kasper van Wijk, Paula Koelemeijer, et al., Science, 24 juillet 2020.
DOI: 10.1126/science.abd2438

Contact scientifique local

Institut des sciences de la Terre de Grenoble (ISTerre - CNRS / IRD / UGA / UGE / USMB)
Eric Larose, chercheur CNRS
eric.larose@univ-grenoble-alpes.fr

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